Interview
Etienne
Hugel
Bien
que vous possédez des vignes sur des terroirs
Grands Crus, vous n'en faites ni mention ni promotion,
pour quelle raison?
C'est
un long débat. Vous pouvez aller voir sur notre site
Internet deux pages consacrées à ce sujet (http://www.hugel.fr/).
Plus
de la moitié de notre domaine est sur des terroirs
de grands crus. On ne revendique pas ces mentions grands
crus sur l'étiquette afin de montrer notre désapprobation
de la législation et de la délimitation mis
en place par l'INAO.
Elle
est faite avec des vues commerciales sans tenir compte de
la qualité et de la spécificité. Par
exemple, certains grands crus font 75 hectares d'un seul
tenant, ce qui n'est pas très bon pour notre crédibilité.
On
reconnaît tout à fait le travail remarquable
réalisé par les pionniers de l'appellation:
les Faller, les Humbrecht, les Deiss. Ils sont malheureusement
le sommet de l'iceberg.
Pour
le consommateur le fait d'avoir inscrit grand cru sur l'étiquette
n'est absolument pas une garantie de qualité. La qualité est
liée autant au producteur qu'au terroir.
Hugel est à la base du développement
des vendanges tardives en Alsace, pouvez vous nous présenter
cette technique?
On
produit 1 300 000 bouteilles en totalité chez Hugel.
Seulement 2 à 3 % de la production est en vendange
tardive et encore, ça dépend des années.
En 2004 nous n'avons pas fait de vendange tardive.
Ces
vins de surmaturation sont une tradition dans la vallée
du Rhin depuis des siècles. Pour preuve nous avons
des bouteilles de 1865 qui sont encore bonne à boire.
Michael Broadbent l'a récemment goûté
et a mis un 5 étoiles: "Still quite unbelievably
perfect" a-t-il dit ! (encore étonnament parfait).
Les
vendanges tardives sont produites avec l'aide de la pourriture
noble tout comme le Sauternes.
Pour des questions historiques, suite à l'annexion allemande,
cette tradition a plus ou moins disparu. Notre famille est
l'une des dernières à avoir maintenu le flambeau.
Nous n'avons jamais arrêté.
Jusqu'en
1959 les vendanges tardives étaient commercialisées
sous des mentions germaniques: Auslese. A partir de 1959,
on a traduit les termes germaniques, et on utilise depuis
le terme vendange tardive.
Jusqu'en
1983, nous étions les seuls à produire des
SGN. Ainsi l'INAO dans les années 70 a chargé
notre famille de rédiger un projet de loi pour réglementer
le terme vendanges tardives.
Aujourd'hui
la loi est en vigueur sur toute la region Alsace. Elle instaure
un contrôle très strict des conditions de production
de ces vins. C'est la fierté de la famille Hugel d'avoir
mis en place la législation la plus stricte de toutes
les AOC françaises.
C'est
mon oncle et mon grand père qui ont rédigé
le projet de loi. Par exemple, il est stipulé que la
chaptalisation est interdite alors qu'à Sauternes elle
est autorisée.
Avec
un système de contrôle et de suivi qui en garanti
la crédibilité, il est impossible de trouver
sur le marché des vendanges tardives qui n'ont pas
un minimum qualitatif. On est sûr d'un niveau minimum
de qualité lorsqu'on achète une vendange tardive.
Est ce que les vins provenant de sélection
de grains nobles sont meilleurs que les vendanges tardives
ou inversement et pourquoi?
C'est
le niveau encore au dessus de la vendange tardive. C'est
la quintessence du vin en Alsace.
On
trie les grains, grain après grain pour garder le
meilleur uniquement. C'est de la pourriture noble pure.
Le
rapport de production est de 1 à 10, c'est à dire
une bouteille de grains nobles pour 10 bouteilles de vendanges
tardives.
Il
y a des minimas de maturité. Pour les vendanges tardives,
le minimum est 15.3 d'alcool potentiel, pour les grains nobles
c'est 18.2. C'est énorme une différence de
trois degrés, tout un monde !
Suite
de l'interview avec Etienne Hugel
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