Interview
Jean-Philippe
Delmas
Chef d'exploitation
Château Haut Brion
Quand
on est Château Haut-Brion, est ce qu'on pense au
reste du vignoble bordelais et français, et à ses
difficultés actuelles?
Oui
bien sur. On ne peut pas s'en détacher. Haut-Brion
est attaché aux vins de Bordeaux et réciproquement.
Je veux être positif, je crois dans le potentiel des
vins de Bordeaux. J'espère que l'avenir me donnera
raison.
Il faut dire qu'il y a eu un choix malheureux à une
époque donnée. En 1956 il y a eu un terrible
hiver dans le bordelais. Nous avons eu un mètre de neige
pendant 15 jours. Une partie du vignoble a été
détruite. Les pieds sont morts, et ainsi un quart du
vignoble a été perdu. Il a fallu replanter le
vignoble. Les plus grands crus disposant de moyens financiers
ont replanté avec la même densité. Les
autres ont planté avec des densités différentes
où on peut faire passer un tracteur, avec des palissages
plus haut. Ils ont divisé par deux la densité
mais pas la production. Si on fait le même rendement
la charge sur chaque pied est trop importante. Ce fut un choix
dramatique. Actuellement il y a une dynamique pour redensifier
le vignoble.
D'autre part, Bordeaux a une tradition très ancrée
d'appellation, d'identité, de Châteaux et de crus.
A un certain niveau on devrait oublier cette notion de château
pour s'orienter plus vers une notion de marque.
Que préconisez vous pour améliorer
la communication et la commercialisation des vins de France
dans son ensemble?
Pour
les vins de grande consommation, il faut de la communication
simple, clairement identifiable, avec par exemple de l'information
sur les cépages utilisés.
Pour les plus grands crus c'est un autre monde, un autre style
de communication. Il faut toujours plus informer.
On aura bientôt pas le choix. La loi nous oblige par
la traçabilité à identifier le parcours
du raisin à la bouteille de vin. La transparence aujourd'hui
devient une obligation.
La Champagne fait un très bon travail de communication
par exemple. On peut s'en inspirer.
Pour les autres régions, c'est très morcelé,
il est donc plus compliqué de communiquer au niveau
mondial.
En Bourgogne, les maisons de négoce sont des noms connus,
plus des marques, plus des signatures qu'autre chose. A Bordeaux
on y viendra sûrement.
Pensez vous qu'une quatrième génération
de Delmas prendra votre succession...dans plusieurs décennies?
Pour
l'instant je n'ai pas d'enfant mais je souhaite en avoir.
Si un de mes futurs enfants se dirige vers cette voie. S'il
a les compétences et si la famille Dillon est toujours
là et lui (je veux dire fille ou garçon) fasse
confiance, je serais ravi et fier. Comme je l'espère
mon père peut l'être de moi.
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Chateau Haut-Brion
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